Une agression c’est un acte, un geste, une parole ou un comportement de nature sexuelle commis sans le consentement de la personne, c’est-à-dire sans qu’elle l’accepte. C’est un acte de domination, de pouvoir et de contrôle. Il existe différentes formes d’agressions à caractère sexuel, notamment : les blagues ou les commentaires sexistes, le cyberharcèlement sexuel, les attouchements, le viol, l’exploitation sexuelle, le harcèlement à caractère sexuel de rue, etc. Ce qu’on remarque chez les jeunes (et les moins jeunes), c’est que les survivantes vivent beaucoup d’incertitude et se posent plusieurs questions après une agression. Il peut même être difficile de la reconnaître. Sans consentement, c’est une agression.
Les filles, les jeunes femmes et les personnes non binaires sont plus souvent victimes de violence à caractère sexuel, mais les garçons peuvent aussi l’être. Dans ce texte, on utilise le féminin, mais tout ce qui est écrit est vrai pour tous les survivants et toutes les survivantes : tu n’es pas responsable de ce qui t’est arrivé.
Ton amie te confie qu’elle a subi une agression.
Toutes les émotions sont possibles et correctes. Rassure ton amie en lui disant qu’elle peut crier, garder le silence, pleurer, etc. Elle peut aussi vivre des réactions émotionnelles (comme la colère, la gêne, la méfiance ou le choc), psychologiques (cauchemars, difficultés de concentration, faible estime de soi) ou physiques (p. ex. maux d’estomac, troubles de sommeil, fatigue). Si ton amie vit ce genre de réactions, c’est normal. Peu importe ce qu’elle ressent, elle peut toujours communiquer avec Jeunesse, J’écoute si elle a envie d’en parler. Certaines réactions plus fortes comme les flashbacks peuvent être symptômes d’un trouble de stress post-traumatique. Si ton amie te dévoile ce genre de symptôme, conseille-lui d’en parler avec un ou une professionnelle de la santé. La plupart des écoles ont un ou une infirmière, un ou une travailleuse sociale, ou un ou une psychothérapeute qui pourront l’aider.
Dans le contexte d’un dévoilement, l’écoute est essentielle! Écouter pleinement aidera ton amie dans son processus de reprise de pouvoir. Assure-toi que vous avez le temps pour cette discussion et que vous ne serez pas dérangées ou interrompues.
Si tu veux poser des questions, sois empathique. Tu pourrais lui demander comment elle se sent ou de quoi elle aurait besoin. Centre tes questions sur son bien-être et non ta propre compréhension de ce qu’elle vit.
Ne pas être crue augmente le risque de développer un trouble de stress post-traumatique et d’autres symptômes. Quand l’entourage d’une survivante la croit et la respecte dès le début, ça facilite sa reprise de pouvoir.
Croire ce que te raconte ton amie, ça signifie aussi :
Quelques exemples de phrases que tu peux dire pour démontrer ton appui :
Une question qu’on entend souvent des jeunes c’est : Est-ce que je dois en parler? Ton amie a choisi de te parler de ce qui lui est arrivé. C’est une décision très difficile. Elle n’est peut-être pas prête d’en parler à d’autres personnes, et c’est possible qu’elle choisisse de ne pas en parler du tout. C’est son choix. Tu peux lui suggérer d’en parler à un ou une adulte de confiance, comme à la travailleuse sociale de son école, mais tu ne peux pas en parler à sa place.
Tu as été là pour écouter ton amie et la croire.
Chaque survivante aura des préférences différentes, en fonction de son étape de cheminement. Après qu’elle a raconté son histoire, c’est un bon moment de lui demander ce dont elle a besoin. Par exemple, tu pourrais lui demander si elle voudrait un verre d’eau ou un repas chaud, aller à l’hôpital, ou en parler ensemble à ses parents ou à la travailleuse sociale de l’école. Ton amie a perdu son autonomie pendant l’agression. En lui offrant des choix, tu contribues à sa reprise de pouvoir.
Offre de l’accompagner pour en parler à un ou une adulte de confiance, et respecte son rythme. Tu pourrais, par exemple, être à ses côtés si elle décide d’appeler une ligne d’aide comme Fem’aide ou Jeunesse, J’écoute, ou attendre dans la salle d’attente si elle se rend au poste de police ou à un autre service, comme un CALACS (centre d’aide et de lutte contre les agressions sexuelles).
Le lien de confiance que tu as bâti avec elle est très important. La confidentialité (ne pas en parler à d’autres personnes sans son consentement) et le respect de son rythme te permettront de maintenir ce lien de confiance.
Reprendre ses activités après une agression prend du temps, et chaque survivante le fera différemment. Au-delà du dévoilement initial, continue d’inviter ton amie à des activités. C’est possible qu’elle ne veuille pas tout de suite, mais ça lui fera du bien de savoir que ses amis et amies sont là pour elle. Rappelle-lui que tu as son bien-être à cœur, que tu la crois et que l’agression n’est pas sa faute, et demande-lui si elle a besoin de quelque chose.
Une note de fin : L’entourage d’une survivante joue un rôle important dans son processus de reprise de pouvoir, mais tu ne peux pas la sauver. C’est à elle de faire son cheminement.
Soutenir ton amie est bien sûr important, mais tu ne peux pas être disponible 24 h sur 24; tu as aussi le droit d’avoir tes limites. Sois là pour ton amie, mais n’oublie pas de prendre soin de toi-même! C’est super que tu sois là pour ton amie pendant qu’elle traverse un moment difficile. Elle aura besoin du soutien de son entourage.
Mais ce n’est pas la seule personne à être touchée par les conséquences d’une agression : c’est normal qu’après avoir entendu son histoire, tu ressentes des émotions vives. N’hésite pas à en parler à tes parents, à un ou une enseignante, à Jeunesse, J’écoute ou à Fem’aide, si tu as au moins 16 ans. Tu peux bien sûr aider ton amie, mais tu ne peux pas faire son cheminement pour elle.