S'informer

Une agression est un acte, un geste, une parole ou un comportement de nature sexuelle commis sans le consentement de la personne, c’est-à-dire sans qu’elle l’accepte. C’est un acte de domination, de pouvoir et de contrôle. Il existe différentes formes d’agressions à caractère sexuel, notamment : les blagues ou les commentaires sexistes, le cyberharcèlement sexuel, les attouchements, le viol, l’exploitation sexuelle, le harcèlement à caractère sexuel de rue, etc. Sans consentement, c’est une agression. Comme parent, c’est important de savoir que souvent, une personne qui vit une agression ne va pas la reconnaître.

Note grammaticale : Les filles, les jeunes femmes et les personnes non binaires sont plus souvent victimes de violence à caractère sexuel, mais les garçons peuvent aussi l’être. Ce texte emploie le féminin pour parler des victimes, mais tout ce qui est écrit est vrai pour toutes les victimes : les agresseurs sont les seuls responsables d’une agression.

Comprendre

Les réactions physiques, psychologiques et émotionnelles à un évènement traumatique comme une agression sont nombreuses. Ce sont des mécanismes de défense pour mieux traverser l’épreuve. Par exemple, une survivante pourrait avoir ou vivre :

  • de la difficulté à se concentrer à l’école ou au travail
  • des cauchemars
  • des flashbacks
  • de la dépression, de l’anxiété, des symptômes du trouble post-stress traumatique ou d’autres troubles de santé mentale
  • des difficultés interpersonnelles
  • une faible estime de soi
  • de la dissociation
  • des pensées suicidaires

Écouter

Dans un contexte de dévoilement d’une agression, l’importance de l’écoute ne peut être sous-estimée. Plus concrètement, ça signifie ne pas interrompre, laisser la survivante parler à son rythme, ne pas poser de questions de style interrogatoire, ne pas insister sur des points, faire preuve d’empathie, et éviter les émotions chargées ou les commentaires sur l’agresseur.

Avant de commencer la discussion, vérifiez que la survivante est à l’aise de te parler où vous êtes. Propose-lui des choix : vous pourriez en parler au téléphone, en personne, par texto ou dans un autre lieu, selon sa préférence.

La confidentialité est un aspect important de l’écoute. Elle a choisi de te raconter son histoire parce qu’elle te fait confiance. En parler à une autre personne sans son consentement briserait ce lien de confiance.

Recevoir un témoignage est bouleversant. Vous pourriez même vivre ce qu’on appelle un traumatisme vicariant en entendant son histoire. Un traumatisme vicariant, c’est un traumatisme secondaire qu’une personne peut vivre dans le contexte d’une relation d’aide. En d’autres mots, la survivante n’est pas la seule à être touchée par l’agression. N’hésitez pas à chercher de l’aide pour vous-même, par exemple en communiquant avec la ligne d’aide Fem’aide, qui offre des conseils aux membres de l’entourage de personnes aux prises avec la violence, ou en parlant à un ou une thérapeute.

Signaler

En Ontario, la loi exige que toute personne « qui a des motifs raisonnables de soupçonner qu’un enfant a besoin de protection doit immédiatement déclarer ses soupçons et fournir les renseignements sur lesquels ils se fondent. » Autrement dit, si vous craignez qu’un ou qu’une enfant est à risque d’être victime d’une agression, vous avez le devoir de le signaler. La même obligation s’applique pour une enfant à risque de faire du mal à elle-même ou aux autres. Dans un cas d’obligation de signalement, il est recommandé de le dire à l’enfant pour qu’elle sache un peu à quoi s’attendre. Si le niveau de maturité de l’enfant le permet, il peut être pertinent de discuter des modalités du signalement avec elle.

Croire

Croire est étroitement lié à l’écoute. Les premières réactions des autres auront une influence importante sur le processus de la survivante.

Faites attention de ne pas culpabiliser la survivante. Minimiser la violence, blâmer la survivante ou refuser d’écouter son histoire sont des exemples de comportements à éviter. Au lieu, dites-lui que vous la croyez et que ce n’est pas sa faute.

Quelques pistes pour guider vos conversations

  • Donnez-lui le choix. La survivante a perdu son autonomie au moment de l’agression ou des agressions. Ne lui imposez pas de choix. Présentez-lui plutôt des options.
    • Sans l’imposer, lui indiquez qu’elle peut en parler plus longuement quand elle sera prête, que ce soit tout de suite après votre conversation ou dans quelques mois. Parlez de la ligne d’écoute Fem’aide (ligne d’aide à l’écoute 24 heures sur 24), du ou de la travailleuse sociale de son école, ou de Jeunesse, J’écoute.
  • Donnez-lui la place de s’exprimer, à son rythme, dans ses mots et à sa façon.
    Faites attention au ton. Ne jamais suggérer par exemple qu’elle est trop sensible ou dramatique ou qu’elle exagère.
  • Soyez là pour elle — et pour vous-même. Vous avez aussi droit à vos limites. Plus que ça, elles sont nécessaires.
  • Évitez de lui demander de pardonner la violence à l’agresseur.

Agir

Évidemment, soutenir une survivante va au-delà de la conversation suivant un dévoilement. Soutenir son enfant après une agression implique aussi de réitérer que ses émotions sont normales et l’encourager à les exprimer sainement (art, thérapie, sport, journal, etc.). Rappelez-la que la violence n’est pas sa faute.

Pour aller plus loin
Vouloir mieux comprendre les effets continus de l’agression subie est tout à fait normal. Cependant, il est préférable de le faire indépendamment de la survivante. Laissez-la faire des choses pour son bien-être et poursuivez votre lecture pour comprendre le choc et les impacts liés à l’agression.

Suggestion de lecture
L’Institut de formation offre des ateliers gratuits qui abordent les conséquences de la violence à caractère sexuel chez les survivantes. Les ateliers vous aideront à mieux comprendre ce que votre enfant vit.

Soutenir son enfant qui traverse cette épreuve est déjà assez délicat. Si l’agresseur fait partie de la famille ou est un ami proche de la famille, ce sera encore plus complexe. La famille pourrait en être déchirée; certaines personnes vont croire la survivante, tandis que d’autres accepteront le récit de l’agresseur. Certaines personnes pourraient vouloir rester neutres pour éviter de « choisir un camp », insister sur le fait que la survivante pardonne à l’agresseur pour le « bien » de la famille et inviter l’agresseur à des activités familiales au lieu de la survivante. Sachez que ces choix nuiront à la reprise de pouvoir de la survivante. À l’inverse, lui dire que vous la croyez, ne pas participer à des activités organisées par l’agresseur et inclure la survivante au lieu de l’agresseur aux activités familiales lui sera bénéfique.

Il peut aussi arriver que la survivante soit prête à parler de l’agression à un ou une membre de la famille, mais pas à tout le monde, par exemple à sa mère mais pas à son frère. Il peut être difficile de naviguer une situation où par exemple deux parents cohabitent et seulement un des deux est au courant de la situation. Il importe quand même de maintenir la confidentialité. Si vous souhaitez en parler, parlez-en premièrement à la survivante et faites-lui part de vos intentions.

Matériel de la campagne